Émile Verhaeren
Émile Verhaeren (Sint-Amands, Bélgica, 21 de mayo de 1855 - Ruan (Francia), 27 de noviembre de 1916) fue un poeta en lengua francesa de origen flamenco, y uno de los principales fundadores del modernismo. Aprendió el francés de su familia y el dialecto flamenco de su localidad de forma natural (no se enseñaba en la escuela), pero perdió el contacto con éste cuando a los 10 años se le envió a un internado jesuita de Gante.
Inicialmente se adscribió al naturalismo, pero como poeta se le suele considerar modernista y místico. Marie Gevers, otra autora flamenca que escribió en lengua francesa, lo conoció a través de su sobrina, y fue animada por él en sus esfuerzos literarios. Ambos cobraron fama en el extranjero y fueron traducidos a otros idiomas. En Bruselas fue amigo de Darío de Regoyos.
El museo y la sociedad Émile Verhaeren se encuentran en Sint-Amands, provincia de Amberes.
Obra
Poesía
Les Flamandes, 1883
Les Moines, 1886
Les Soirs, 1887
Les Débâcles, 1888
Les Flambeaux noirs, 1891
Les Campagnes hallucinées, 1893
Les Villes tentaculaires, 1895
Les Villages illusoires, 1895
Les Heures claires, 1896
Les Visages de la vie, 1899
Les Forces tumultueuses, 1902
Toute la Flandre, 1904-1911
Les Heures d'après-midi, 1905
La Multiple Splendeur, 1906
Les Rythmes souverains, 1910
Les Heures du soir, 1911
Les Ailes rouges de la guerre, 1916
Les Flammes hautes, 1917
Crítica
James Ensor
Rembrandt
Monet
Teatro
Le cloître (drama en cuatro actos).
Bibliografía
Stefan Zweig: Verhaeren (1910). Editorial Tor, Buenos Aires (1944)
Tenebrae.
La Luna, con su atento y glacial Ojo,
observa al crudo invierno entronizado,
vasto y pálido sobre la tierra yerma;
La Noche se agita en traslúcidos azules;
El Viento, con súbita presencia, nos apuñala.
A lo lejos, sobre el horizonte, danzan
los ondulantes senderos del hielo;
se los ve a la distancia, perforando el llano,
Y las Estrellas de Oro, suspendidas en el éter,
siempre más alto en la Oscuridad,
desgarran cruelmente el azul del cielo.
Los campesinos tiemblan en las planicies de Flandes,
cerca de los brezos, de los antiguos ríos,
y de los grandes Bosques;
entre dos lívidos infinitos, estremeciéndose de frío,
agrupándose junto a las viejas chimeneas,
removiendo las cansadas cenizas.
Soir religieux (IV)
Le déclin du soleil étend, jusqu'aux lointains,
Son silence et sa paix comme un pâle cilice ;
Les choses sont d'aspect méticuleux et lisse
Et se détaillent clair sur des fonds byzantins.
L'averse a sabré l'air de ses lames de grêle,
Et voici que le ciel luit comme un parvis bleu,
Et que c'est l'heure où meurt à l'occident le feu,
Où l'argent de la nuit à l'or du jour se mêle.
A l'horizon, plus rien ne passe, si ce n'est
Une allée infinie et géante de chênes,
Se prolongeant au loin jusqu'aux fermes prochaines.
Le long des champs en friche et des coins de genêt.
Ces arbres vont - ainsi des moines mortuaires
Qui s'en iraient, le cœur assombri par les soirs,
Comme jadis partaient les longs pénitents noirs
Pèleriner, là-bas, vers d'anciens sanctuaires.
Et la route d'amont toute large s'ouvrant
Sur le couchant rougi comme un plant de pivoines,
A voir ces arbres nus, à voir passer ces moines,
On dirait qu'ils s'en vont ce soir, en double rang,
Vers leur Dieu dont l'azur d'étoiles s'ensemence ;
Et les astres, brillant là-haut sur leur chemin,
Semblent les feux de grands cierges, tenus en main,
Dont on n'aperçoit pas monter la tige immense.
Tarde religiosa (IV)
El sol, al ocultarse, derrama hasta lo lejos
La calma silenciosa, cual pálido cilicio;
Las cosas aparecen adustas y bruñidas
Y firmes se destacan en fondos bizantinos.
Cual pórtico de azul relumbra el firmamento;
La lluvia fuerte el aire rasgó con sus cuchillos
Y en este instante muere la hoguera del ocaso
Que noche y día, plata con oro, ha confundido.
Tan sólo en lontananza, descúbrese un paseo
De encinas gigantescas, oscuro, torvo y rígido,
Que cruza los eriales cubiertos de retamas
Y acaba en donde surgen los próximos cortijos.
Los árboles enormes parecen monjes tétricos
Que marchan, por las tardes, con pecho esombrecido,
Lo mismo que los viejos austeros penitentes
De antiguos santuarios remotos peregrinos.
Ya abriéndose la senda sobre el ocaso rojo,
Cual planta de peonías, en la pendiente, místicos,
Los árboles desnudos, los monjes enlutados,
Parece que en dos filas dirígense contritos
Al Dios que siembra estrellas en el azul del cielo;
Y como vacilantes llamas de inmensos cirios
Cuyos tallos de cera se irguiesen invisibles
En sus puños, los astros brillan sobre el camino.
Traducción: Enrique Díez Canedo
La ciudad (de Les Campagnes hallucinées, 1893)
Tous les chemins vont vers la ville.
Du fond des brumes,
Avec tous ses étages en voyage
Jusques au ciel, vers de plus hauts
étages,
Comme d’un rêve, elle s’exhume.
Là-bas,
Ce sont des ponts musclés de fer,
Lancés, par bonds, à travers l’air;
Ce sont des blocs et des colonnes
Que décorent Sphinx et Gorgones;
Ce sont des tours sur des
faubourgs;
Ce sont des millions de toits
Dressant au ciel leurs angles droits:
C’est la ville tentaculaire,
Debout,
Au bout des plaines et des
domaines.
Des clartés rouges
Qui bougent
Sur des poteaux et des grands
mâts,
Même à midi, brûlent encor
Comme des oeufs de pourpre et
d’or;
Le haut soleil ne se voit pas:
Bouche de lumière, fermée
Par le charbon et la fumée.
Un fleuve de naphte et de poix
Bat les môles de pierre et les
pontons de bois;
Les sifflets crus des navires qui
passent
Hurlent de peur dans le brouillard;
Un fanal vert est leur regard
Vers l’océan et les espaces.
Des quais sonnent aux chocs de
lourds fourgons;
Des tombereaux grincent comme
des gonds;
Des balances de fer font choir des
cubes d’ombre
Et les glissent soudain en des soussols
de feu;
Des ponts s’ouvrant par le milieu,
Entre les mâts touffus dressent des
gibets sombres
Et des lettres de cuivre inscrivent
l’univers,
Immensément, par à travers
Les toits, les corniches et les
murailles,
Face à face, comme en bataille.
Et tout là-bas, passent chevaux et
roues,
Filent les trains, vole l’effort,
Jusqu’aux gares, dressant, telles
des proues
Immobiles, de mille en mille, un
fronton d’or.
Des rails ramifiés y descendent
sous terre
Comme en des puits et des cratères
Pour reparaître au loin en réseaux
clairs d’éclairs
Dans le vacarme et la poussière.
C’est la ville tentaculaire.
La rue – et ses remous comme des
câbles
Noués autour des monuments –
Fuit et revient en longs
enlacements;
Et ses foules inextricables,
Les mains folles, les pas fiévreux,
La haine aux yeux,
Happent des dents le temps qui les
devance.
A l’aube, au soir, la nuit,
Dans la hâte, le tumulte, le bruit,
Elles jettent vers le hasard l’âpre
semence
De leur labeur que l’heure emporte
Et les comptoirs mornes et noirs
Et les bureaux louches et faux
Et les banques battent des portes
Aux coups de vent de la démence.
Le long du fleuve, une lumière
ouatée,
Trouble et lourde, comme un haillon
qui brûle,
De réverbère en réverbère se
recule.
La vie avec des flots d’alcool est
fermentée.
Les bars ouvrent sur les trottoirs
Leurs tabernacles de miroirs
Où se mirent l’ivresse et la bataille;
Une aveugle s’appuie à la muraille
Et vend de la lumière, en des boîtes
d’un sou;
La débauche et le vol s’accouplent
en leur trou;
La brume immense et rousse
Parfois jusqu’à la mer recule et se
retrousse
Et c’est alors comme un grand cri
jeté
Vers le soleil et sa clarté:
Places, bazars, gares, marchés,
Exaspèrent si fort leur vaste
turbulence
Que les mourants cherchent en vain
le moment de silence
Qu’il faut aux yeux pour se fermer.
Telle, le jour – pourtant, lorsque les
soirs
Sculptent le firmament, de leurs
marteaux d’ébène,
La ville au loin s’étale et domine la
plaine
Comme un nocturne et colossal
espoir;
Elle surgit: désir, splendeur,
hantise;
Sa clarté se projette en lueurs
jusqu’aux cieux,
Son gaz myriadaire en buissons d’or
s’attise,
Ses rails sont des chemins
audacieux
Vers le bonheur fallacieux
Que la fortune et la force
accompagnent;
Ses murs se dessinent pareils à une
armée
Et ce qui vient d’elle encor de
brume et de fumée
Arrive en appels clairs vers les
campagnes.
C’est la ville tentaculaire,
La pieuvre ardente et l’ossuaire
Et la carcasse solennelle.
Et les chemins d’ici s’en vont à
l’infini
Vers elle.
Todos los caminos van hacia la
ciudad.
Del fondo de las brumas,
Con todos sus pisos de viaje
Hasta el cielo, hacia los más altos
pisos
Como de un sueño, ella se exhuma.
Allí,
Son los puentes musculosos de
hierro,
Lanzados, a saltos, a través del
aire;
Son los bloques y las columnas
Que decoran esfinges y gorgonas,
Son las torres sobre los suburbios,
Son los millones de tejados
Alzando al cielo sus ángulos rectos:
Es la ciudad tentacular,
De pie
Al pie de los llanos y las haciendas.
Las claridades rojas
Que se mueven
Bajo los postes y los grandes
mástiles,
Incluso a mediodía, arden aún
Como huevos de púrpura y oro;
El alto sol no se ve:
Boca de luz, cerrada
Por el carbón y la humareda.
Un río de nafta y pez
Sacude los diques de piedra y los
pontones de madera;
Los silbidos crudos de los navíos
que pasan
Aúllan de miedo en la niebla;
Un farol verde es su mirada
Hacia el océano y los espacios.
Los muelles suenan con los choques
de pesados furgones;
Las carretillas chirrían como
goznes;
Las balanzas de hierro hacen caer
cubos de sombra
Y los deslizan de repente en
subsuelos de fuego;
Los puentes se abren por la mitad,
Entre los tupidos mástiles se erigen
horcas sombrías
Y letras de cobre inscriben el
universo,
Inmensamente, a través
De los tejados, las cornisas y las
murallas,
Cara a cara, como en batalla.
Y por todos lados, pasan caballos y
ruedas,
Corren los trenes, vuela el esfuerzo,
Hasta las estaciones, alzando, como
proas
Inmóviles, de mil en mil, un frontón
de oro.
Rieles ramificados ahí descienden
bajo tierra
Como pozos y cráteres
Para reaparecer a lo lejos en redes
claras de destellos
En el estrépito y la polvareda.
Es la ciudad tentacular.
La calle –y sus remolinos como
cables
Anudados alrededor de
monumentos–
Huye y regresa en largos
enlazamientos;
Y sus masas inextricables,
Las manos locas, los pasos
afiebrados,
El odio en los ojos,
Atrapan con los dientes los tiempos
que las anticipan.
Al alba, a la tarde, a la noche,
En la prisa, el tumulto, el ruido,
Ellas lanzan hacia el azar la áspera
semilla
De su trabajo que la hora se lleva.
Y los mostradores taciturnos y
negros
Y los despachos turbios y falsos
Y los bancos golpean las puertas
Con los golpes de viento de la
demencia.
A lo largo del río, una luz
amortiguada,
Aproblemada y pesada, como un
harapo que arde,
De farola en farola retrocede.
La vida con raudales de alcohol es
fermentada.
Los bares abren sobre las aceras
Sus tabernáculos de espejos
Donde se contemplan la ebriedad y
la batalla;
Un ciego se apoya en la muralla
Y vende luz, en cajas de un
centavo,
El derroche y el robo se aparean en
su agujero;
La bruma inmensa y rojiza
A veces hasta la mar retrocede y se
arremanga
Y es entonces como un gran grito
lanzado
Contra el sol y su claridad:
Plazas, bazares, estaciones,
mercados,
Exasperan tanto su vasta
turbulencia
Que los moribundos buscan en vano
el momento de silencio
Que le hace falta a los ojos para
cerrarse.
Tal el día –sin embargo, cuando las
tardes
Esculpen el firmamento, con sus
martillos de ébano,
La ciudad a lo lejos se extiende y
domina la llanura
Como una nocturna y colosal
esperanza;
Ella surge: deseo, esplendor,
obsesión;
Su claridad se proyecta en
resplandores hasta los cielos,
Su gas milenario en matorrales de
oro se atiza,
Sus rieles son caminos audaces
Hacia la felicidad falaz
Que la fortuna y la fuerza
acompañan;
Sus muros se dibujan semejantes a
una armada
Y lo que aún viene de ella de bruma
y de humo
Llega en llamadas claras a los
campos.
Es la ciudad tentacular,
El pulpo ardiente y el osario
Y la carcasa solemne.
Y los caminos de aquí se van al
infinito
Hacia ella.
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