René Crevel (10 de agosto de 1900 – 18 de junio de 1935) fue un escritor francés integrante del movimiento surrealista.
Nació en París, en el seno de una familia burguesa. Estudió Inglés en la Universidad de París. Junto a André Breton y otros participó en la creación del movimiento surrealista en 1921, del que fue excluido en 1925, época en la que escribió Mon corps et moi y conoció al escritor alemán Klaus Mann. En 1926 se le diagnóstico tuberculosis. En 1929, el exilio de León Trotsky le animó a reincorporarse al movimiento surrealista que trataba de manifestarse sobre el suceso, uniéndose de nuevo al grupo de Bretón. En esta época abandona la novela para volcar sus esfuerzos en los ensayos de corte político. En 1935 se integra en la Asociación de Escritores y Artistas Revolucionarios (vinculada al Partido Comunista de Francia), distanciándose definitivamente del resto del grupo de Bretón que no apoyan esta iniciativa. Finlamente, se suicida al tomar conciencia de la gravedad de su enfermedad.
Obras
Détours (1924)
Mon Corps et moi (1925)
La Mort difficile (1926)
Babylone (1927)
L'Esprit contre la raison (1928)
Êtes-vous fous? (1929)
Les Pieds dans le plat (1933)
Le Roman cassé et derniers écrits (1934-1935)
Traducciones al castellano
¿Estáis locos? (Traducción de Adoración Elvira Rodríguez. Cabaret Voltaire, Madrid, 2008.) ISBN 978-84-935185-5-4
Babilonia (Traducción, prólogo y notas de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán. Simurg, Buenos Aires, 2010.) ISBN 978-987-554-152-8
La muerte difícil (Traducción, prólogo y notas de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán. Ediciones De La Mirándola, Buenos Aires, 2012.) ISBN 978-987-28010-1-4
De la traducción:
© Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán
Nuit
de Feuilles éparses –Hojas dispersas–
Doucement pour dormir à l'ombre de l'oubli
ce soir
je tuerai les rôdeurs
silencieux danseurs
de la nuit
et dont les pieds de velours noir
sont un supplice à ma chair nue
un supplice doux comme l'aile des chauves-souris
et subtile à porter l'effroi
dans les coins où la peau se fait craintive, émue
pour mieux aimer, pour avoir peur
d'un autre corps et du froid.
Mais quel fleuve pour fuir ce soir ô ma raison ?
C'est l'heure des mauvais garçons
l'heure des mauvais voyous.
Deux grands yeux d'ombre dans la nuit
Seraient pour moi si doux, si doux.
Prisonnier des tristes saisons
je suis seuls, un beau crime a lui
là-bas, là-bas à l'horizon
quelque serpent peut-être et glacé de n'aimer point.
Mais où coule, où coule au loin
le fleuve dont a besoin
pour fuir ce soir ma raison ?
Sur les berges vont les filles
leurs yeux sont las, leurs cheveux brillent.
Je ne sais rien dire à ces filles
dont ils sont
les mauvais garçons
dont ils sont
les fiers maquignons.
Je suis seul, un beau crime a lui.
Deux grands yeux d'ombre dans la nuit
seraient pour moi si doux, si doux.
C'est l'heure des mauvais voyous.
1924
Noche
Nuit
Suavemente para dormir a la sombra del olvido
esta noche
mataré a los merodeadores
silenciosos bailarines
nocturnos
y cuyos pies de terciopelo negro
son un suplicio para mi carne desnuda
un suplicio suave como el ala de los murciélagos
tan sutil que lleva el espanto
a los puntos en que la piel se vuelve temerosa, se conmueve
para amar mejor, para tener miedo
de otro cuerpo y del frío.
Pero, ¿en qué río huir de esta noche oh razón mía?
Es la hora de los muchachos malos
la hora de los malos bandidos.
Dos grandes ojos de sombra en la noche
serían tan dulces para mí, tan dulces.
Prisionero de las tristes estaciones
estoy solo, un bello crimen ha resplandecido
allá, allá en el horizonte
alguna serpiente acaso, helada de no amar.
Pero, ¿dónde fluye, dónde fluye a lo lejos
el río que necesita
mi razón para huir de esta noche?
Por las orillas van las jóvenes
sus ojos están cansados, sus cabellos brillan.
Nada sé decirles a esas jóvenes
de las que los muchachos malos
son
de las que ellos
son
los orgullosos revendedores.
Estoy solo, un bello crimen ha resplandecido.
Dos grandes ojos de sombra en la noche
serían tan dulces para mí, tan dulces.
Es la hora de los malos bandidos.
1924
Métro
de Feuilles éparses –Hojas dispersas–
Les nègres de mon enfance
tachaient bien le ciel de France
mais leur flûte en acajou
savait un air drôle et doux.
Or les nègres ont perdu
jusqu’à l’orgueil de couleur.
Et de marine vêtus
ils croient encore au bonheur.
Ces enfants des pays chauds
aujourd’hui sont devenus
chefs de gare du métro.
1924
Metro
Métro
Los negros de mi infancia, por cierto,
manchaban el cielo de Francia
pero su flauta de caoba sabía
una dulce y graciosa canción.
Ahora bien, los negros han perdido
hasta el orgullo del color.
Y, vestidos de azul marino,
creen todavía en la dicha.
Esos hijos de tierras cálidas
se han transformado hoy en día
en jefes de estación del metro.
Elle ne suffit l’éloquence
de Feuilles éparses –Hojas dispersas–
Elle ne suffit pas l’éloquence.
Mon cœur ce soir se balance
Et glisse au fil d’une paupière
Lampion de misère
Qui n’éclaire pas ma nuit.
Homme noir mais non d’onyx
Homme couleur de dépit
Titubant par le marais des petites haines
Tu voudrais
Comme une alouette son miroir
Un soleil où mourir avec ta peine.
Tu cherches mais trop inquiet
Pour trouver ton Reposoir.
Rien ne brille
Ni les yeux, ni le fer, ni l’aimant anonyme
Qui libèrent de mille clous
Tes douleurs
Où l’essaim des mouches au vol boiteux
Des mouches qui n’ont qu’une aile
Allument de piètres étoiles de sang.
Jongleur
Jongleur de paroles
Tes mots s’écrasent contre les murs.
Ton angoisse –encore un ruban frivole–
Couronne
Un cerveau qui trop longtemps a joué au « pigeon vole ».
Les lettres du désespoir
Ce soir
Sont égales aux lettres des bonheurs d’autrefois.
Que dirai-je alors !
Que te dirai-je à toi
Frère né de mes pieds.
Sur un sol où tu ne vis que pour m’épier.
Trottoir que j’ai suivi
Pour son mensonge de granit.
J’ai oublié que là-bas était la mer
Et j’ai fui l’eau miroir d’étoiles
Pour chanter une main
Dans une autre main.
Fleuve vert
Enfance douce
Pitié pour l’homme qui passe
L’homme qui mord sa lèvre
Dans ses lèvres
Car il a peur d’oublier le goût de bouche.
Timonier brun, sous la toile bleue
La peau couler de cheveux
Holà ! beau voyageur
Tu allais vers la mer
Maintenant tu marches au ciel, un trou un hublot
Je suis le noyé des terres.
Dis qu’il n’est pas trop tard
O mon orgueil, pour jouer au phare.
Et sur le matelas des herbes tendres
Tombe en triangles de métal.
Mon cœur aura beau hurler son mal
Mon cœur j’en ferai des lanières
Des lanières que je saurai teindre
Ou tordre en chiffres
Plus définitifs
Que les œufs dans leurs coquilles
Et les momies dans leur robe d’or.
Et toi, mon corps, maudis les sens comme un malade ses béquilles.
1924
No basta la elocuencia
Elle ne suffit l’éloquence
No basta la elocuencia.
Esta noche mi oscila corazón
Y se desliza por el borde de un párpado
Farol de miseria
Que no alumbra mi noche.
Hombre negro pero no de ónix
Hombre color de despecho
Que titubeas en el pantano de los odios pequeños
Tú querrías
Como una alondra quiere su espejo [1]
Un sol donde morir con tu pena.
Buscas pero demasiado inquieto
Para encontrar tu Reposo.
Nada brilla
Ni los ojos, ni el hierro, ni el imán anónimo
Que liberan de miles de clavos
Tus dolores
En que el enjambre de moscas de vuelo cojeante
Moscas de sólo un ala
Encienden míseras estrellas de sangre.
Malabarista
Malabarista de palabras
Tus palabras se hacen trizas contra los muros.
Tu angustia —otra cinta frívola—
Corona
Un cerebro que demasiado tiempo jugó al “Antón Pirulero”
Las cartas de la desesperación
Esta noche
Son iguales a las cartas de las dichas pasadas.
¿Qué diré entonces?
Qué te diré a ti,
Hermano nacido de mis pies.
En un suelo en el que sólo vives para espiarme.
Aceras en que anduve
Por su mentira de granito.
Olvidé que allá estaba el mar
Y huí del agua espejo de estrellas
Para cantar una mano
En otra mano.
Río verde
Suave infancia
Piedad para el hombre que pasa
El hombre que se muerde el labio
En sus labios
Porque teme olvidar el gusto a boca.
Timonel moreno, bajo la ropa azul
La piel del color de los cabellos
Detente, hermoso viajero
Ibas hacia el mar
Ahora caminas por el cielo, un agujero un ojo de buey.
Soy el ahogado de las tierras.
Dime que no es demasiado tarde
Oh orgullo mío, para jugar al faro.
Y en el colchón del pasto blando
Déjate caer en triángulos de metal.
Será en vano que mi corazón grite su dolor
Con mi corazón haré vendas
Vendas que sabré teñir
O retorcerlas en forma de cifras
Más definitivas
Que los huevos en sus cáscaras
Y las momias en su atuendo de oro.
Y tú, cuerpo mío, maldice los sentidos como un enfermo sus muletas.
1924
[1] Corresponde a la expresión «miroir aux alouettes», trampa para cazar este tipo de pájaros. Se emplea también en sentido figurado para significar «promesa engañosa».
La mysticité quotidienne de Max Jacob
de Feuilles éparses –Hojas dispersas–
Axiome : l'inquiétude seule pare infailliblement de quelque grandeur les individus, leurs gestes. Ce n'est point, à la vérité, que nous supportions encore les larmes trop faciles de certains désespoirs, mais pour que l'homme nous intéresse, sous le masque, il faut que se devine un tourment. Je ne sais quelle définition les dictionnaires proposent de la mysticité ; pourquoi ne point convenir que de ce nom se baptise l'état même d'inquiétude ? Ainsi, dira-t-on, Max Jacob est un mystique, sans avoir au reste à se préoccuper de ce que peut valoir sa foi : c'est que, pour nous témoins, l'objet de la passion importe peu ; seul nous décide à aimer le rythme du chant qui anime.
Tous les hommes, au moins une fois dans leur existence, ont soupiré, la tête entre les paumes « Pourquoi ? ». Il faut bien admettre avec Bacon que, du point de vue le plus humain, la recherche des causes finales, comme une vierge consacrée à Dieu, est stérile . Mais cette recherche des causes finales, distrayant des vulgarités coutumières, aide à supporter les années d'ennui qu'on appelle alors années d'attente ; cependant l'incapacité où nous sommes d'acquérir une certitude nous laisse parfois en route, avec le désespoir de ne pas encore soupçonner le but, la cause finale ; au sein même de la mysticité, certaines contradictions rendent donc impossible un bonheur simple.
Max Jacob écrit : Antithèse. Ce mot à lui seul est une préface en tête d'un livre où le poète cache, sous l'expression de la joie, le désespoir de n'en avoir pas trouvé la réalité .
Tous les mystiques ont connu cette antithèse, car c'est bien le contraste de leurs profondes aspirations, auxquelles, malgré eux, ils obéissent, qui crée l'angoisse où il doivent vivre ; jouets d'une marée puissante, ils suivent tour à tour le flux et le reflux ; avant les soirs d'extase, il y a les journées de la période mondaine. Mais presque tous, tandis qu'une nouvelle vague les porte à d'autres rivages, ne se rappellent plus que, cinq minutes auparavant, le flot les menait vers des îles contraires.
Tiraillé en tous sens, un Verlaine par exemple, a toujours un lyrisme unilatéral ; les médecins l'expliquent en rapprochant érotisme et mysticité.
Max Jacob, au contraire, voit de tous côtés ; il sait le travail intime de sa pensée, de son cœur ; il pourrait sortir les parcelles de son âme comme les pierres d'une mosaïque, et jamais il n'oublie rien de sa vie quotidienne; c'est d'elle qu'il part, et il va jusqu'aux plus hauts sommets, comme du niveau de la mer au faîte de l'Himalaya. « Je suis revenu de la Bibliothèque nationale, j'ai déposé ma serviette, j'ai cherché mes pantoufles et quand j'ai relevé la tête, il y avait quelqu'un sur le mur, il y avait quelqu'un. »
Les époques et les pays lui sont familiers ; il les arrange à la manière des intérieurs, remarque un détail, le caresse, s'en agace et retourne à l'éther, au paradis ; puis en extase, subitement, il se souvient du jeu banal qui l'occupait tout à l'heure ; il retourne sur la terre, à Montparnasse, et au milieu de l'orgie, quand on frappe à la porte de l'atelier, il s'écrie « c'est le prêtre, c'est la croix. C'est la bannière et c'est la procession » . Tout le monde est dans l'effroi. Il croit qu'on partage sa pieuse terreur : « Entrez mon Seigneur. Or ce n'était que le commissaire de police, un vilain moustachu avec sa ceinture. »
A cause de cette naïveté dans la confession, beaucoup ont mis en doute la foi de Max Jacob ; on l'aime comme un paradis à la Charlot ; les grandes personnes ne veulent pas avoir l'air d'y croire. A vrai dire cette mysticité quotidienne, qui met dans la vie ce qui pour l'ordinaire se laisse dans les temples, déçoit un peu. On s'attend à quelque concert grave, or, au lieu de choisir l'orgue, Max Jacob s'accompagne de la guitare, le piano mécanique et le banjo. La grand-messe du dimanche se joue à l'orchestre du cinéma. Mais cette naïveté chez un homme qui sait par ailleurs se montrer si perspicace, n'est-elle pas touchante comme un geste de petit enfant ?
Amis des objets familiers, il sait aux pensées futiles mêler la plus belle gravité.
Un poème commence ainsi :
Flegmatique et sensuel, je l'étais, je le reste
Si je digère mal, c'est que je suis si mou.
Et s'achève :
Navré quand tu t'en vas, joyeux quand tu t'approches,
Je ne peux qu'espérer l'amour.
Ce sont là des tourments, chrétiens de vieille roche
Que vous ignorerez toujours.
J'offre cet océan, la foi un cœur de pierre ;
Mon espérance au front la couronne de lierre.
Dans sa richesse multiple et décevante, celui qui s'écrie : « Max est pécheur, Max est un homme » , se crucifie chaque jour aux idées du maître ; bon larron, mais vrai bon larron, petit neveu du Galiléen par lui tant aimé.
1923
El misticismo cotidiano de Max Jacob
La mysticité quotidienne de Max Jacob
Axioma: tan sólo la inquietud orna infaliblemente con cierta grandeza a los individuos, a sus gestos. No es, para decir la verdad, que aún soportemos las lágrimas demasiado fáciles de algunas desesperanzas, pero para que el hombre nos interese, es necesario que, debajo de la máscara, intuyamos un tormento. No sé qué definición del misticismo proponen los diccionarios; ¿por qué no admitir que ese nombre se le dé al estado mismo de inquietud? Así, se dirá que Max Jacob es un místico, sin tener que preocuparse, por lo demás, de lo que puede valer su fe: es que para nosotros, testigos, poco importa el objeto de la pasión; lo único que nos decide a amar es el ritmo del canto que da vida.
Todos los hombres, al menos una vez en su existencia, han suspirado, con la cabeza entre las manos: “¿Por qué?” Fuerza es admitir con Bacon que, desde el punto de vista más estrictamente humano, la búsqueda de las causas últimas, como una virgen consagrada a Dios, es estéril. Pero esta búsqueda de las causas últimas, distrayéndonos de las vulgaridades cotidianas, ayuda a soportar los años de hastío a los que entonces llamamos años de espera; sin embargo, la incapacidad en que nos hallamos de adquirir alguna certeza nos deja a veces a medio camino, con la desesperación de no sospechar aún el objetivo, la causa última; en el corazón mismo del misticismo, ciertas contradicciones vuelven así imposible una dicha simple.
Max Jacob escribe: Antítesis . Esta palabra en sí misma es un prefacio que encabeza un libro en que el poeta oculta, bajo la expresión del gozo, la desesperación de no haber encontrado la realidad que lo sustenta .
Todos los místicos han conocido esta antítesis, ya que es por cierto el contraste de sus profundas aspiraciones, a las que a su pesar obedecen, el que crea la angustia en la que deben vivir; juguetes de una poderosa marea, siguen alternativamente el flujo y el reflujo; antes de las noches de éxtasis, están los días del período mundano. Pero casi ninguno, mientras una nueva ola los lleva a otras orillas, recuerda que, cinco minutos antes, la corriente los llevaba hacia islas contrarias.
Tironeado en todos los sentidos, un Verlaine, por ejemplo, siempre tiene un lirismo unilateral; los médicos explican esto vinculando erotismo y misticismo.
Max Jacob, por el contrario, ve hacia todos lados; conoce el trabajo íntimo de su pensamiento, de su corazón; podría exhibir los fragmentos de su alma como las piedras de un mosaico; y nunca olvida nada de su vida cotidiana; de ella parte hasta alcanzar las más altas cumbres, como desde la superficie del mar hasta la cima del Himalaya. “Volví de la Biblioteca nacional, dejé mi maletín, busqué mis pantuflas y, al alzar la cabeza, había alguien en la pared, había alguien.”
Las épocas y los países le resultan familiares; los ordena como el interior de una casa, percibe un detalle, lo acaricia, se impacienta con él y vuelve al éter, al paraíso; luego, súbitamente en éxtasis, recuerda el juego banal en que se entretenía momentos antes; vuelve a la tierra, a Montparnasse, y, en medio de la orgía, cuando llaman a la puerta del estudio, exclama: “es el cura, es la cruz. Es el estandarte y es la procesión” . Todo el mundo se espanta. Él cree que comparten su piadoso terror: “Entrad, mi Señor. Pero no era más que el comisario de policía, un feo bigotudo con su cinturón.”
Por culpa de esta ingenuidad en la confesión, muchos han puesto en duda la fe de Max Jacob; se lo ama como a un paraíso de Chaplin; las personas grandes no quieren que se piense que creen en él. A decir verdad, este misticismo cotidiano, que pone en la vida lo que por lo común se deja en los templos, decepciona un poco. Uno se espera un concierto serio, pero, en lugar de elegir el órgano, Max Jacob se acompaña con guitarra, piano mecánico y banyo. La misa mayor del domingo la toca la orquesta del cinematógrafo. Pero esta ingenuidad, en un hombre que, por otra parte, sabe mostrarse tan perspicaz, ¿no es conmovedora como el gesto de un niño?
Amigo de los objetos familiares, sabe mezclar con los pensamientos fútiles la más bella gravedad.
Así comienza uno de sus poemas:
Yo era flemático y sensual, y sigo siéndolo
Si digiero mal, es porque soy muy blando.
Y termina:
Desolado cuando te vas, feliz cuando te acercas,
Sólo puedo esperar el amor.
Esos son tormentos, cristianos de viejo cuño
Que siempre ignoraréis.
Ofrezco este océano, la fe un corazón de piedra;
Mi esperanza en la frente la corona de hiedra.
En su riqueza múltiple y decepcionante, aquél que exclama: “Max es pecador, Max es un hombre” , se crucifica día a día con las ideas del maestro; buen ladrón, pero auténtico buen ladrón, sobrino nieto del Galileo tan amado por él.
1923
Mais si la mort n’était qu’un mot
de Feuilles éparses –Hojas dispersas–
Orgueil ou paresse –les deux peut-être– l'intelligence à l'état de veille prétend domestiquer les énigmes. Ainsi, du temps et de l'espace, nos jours ont fait des animaux dociles. Quant aux notions de vie ou de mort qui ne se laissent guère apprivoiser, pour fuir leur angoisse essentielle (angoisse qui, d'ailleurs, me semble seule capable de donner l'indiscutable sensation d'être) chaque minute essaie quelque nouveau suicide. A qui parle de la mort ou du geste qui la peut donner, le paradoxe est facile, mais comment ne point noter que déjà fut un suicide la vie de tel ou tel. Barrès destructeur ne se détruit que le jour où, arbitrairement, il construit. Au contraire, le Romain de la décadence s'ouvrant les veines, me semble si naturel que j'ose à peine parler de suicide ; car le sénateur romain s'ouvrant les veines ne renonçait pas à lui-même mais, au contraire, avait un dernier geste logique pour s'affirmer. J'entends que les hommes intelligents, trop intelligents (c'est l'esprit critique, assassin des possibilités, qui nous tue), usent et ont raison d'user contre eux-mêmes, de la corde, du poison, du revolver, etc., tout comme les nerveux prennent du Dial Cyba le soir, avant de se coucher, pour mieux dormir. Or sommeil, dont nous disons qu'il est l'image de la mort, réserve aux esprits inquiets les douloureuses surprises des rêves. Je ne puis croire que les intelligences supérieures aux préoccupations terrestres et qui s'en voulurent à jamais délivrer aient brisé, par le geste appelé suicide, la parabole d'une ascension. Au contraire, ceux dont on constate qu'il s'étourdissent ou se tuent de travail me paraissent des faibles, car le travail, l'activité humaine, sont des stupéfiants qui n'ont même point, pour séduire, telle ou telle petite note pittoresque (bien discutable quant à sa qualité d'ailleurs) mais qu'il est impossible de n'accorder point à d'autres stupéfiants. La plupart des hommes qui marchent et respirent ne méritent guère, dans notre civilisation occidentale, l'éloge d'hommes vivants puisqu'ils ne marchent et respirent que pour éviter la compagnie de ces problèmes qui, au reste, finiront toujours par venir les reprendre au jour de leur agonie. Il me faut donc déjà conclure : le mouvement est simulacre ; il est une forme de suicide, le suicide des lâches, puisque, laissant des possibilités pour l'avenir, il calme à la fois la peur de l'au-delà et l'ennui de vivre. Mais les calculs sont toujours faux. Le mensonge de l'activité spontanément se dénonce.
Oiseaux du mystère, oiseaux qui chantez au plus silencieux de moi-même, pour vous avoir entendus après le départ des autres hommes, je sais que, seule, la solitude permet quelque espoir de vérité. Certaine sensation d'âme trop bien enracinée pour que j'en puisse triompher, me force à confondre vie et vérité. Si la mort existe (la mort que les esprits forts ont, de tout temps, assimilée au néant), elle m'apparaît illogique. Certaine forme d'activité me semblant dénuée de raison valable, nul ne s'étonnera donc de me la voir, je le répète, considérer comme une forme de la mort. L'agitation emprisonne le corps, l'intelligence. Qu'on parle de filet ou de murs, le corps et l'intelligence sont emprisonnés, voilà le fait. Volière tyrannique, sous leurs ailes, dans la captivité de plomb devenues, meurent nos oiseaux de mystère. Mais vienne la nuit. Le grillage des simulacres ne résiste plus. Vague comme un ciel et comme un ciel indéniable, une certitude secrète spontanément domine les constructions de nos jours. La moindre secousse est tremblement de terre. Tours écroulées, les oiseaux rient dans nos rêves et, par vengeance, épanouissent l'éventail de leurs plus belles et plus terribles plumes. Par les rues des villes, mon corps qui se croyait éveillé fut somnambule. Dans sa maison endormie (la paix ! mes yeux, ma poitrine, mes bras, mes jambes, mon sexe), oui, dans sa maison endormie, mon esprit retrouve sa sérénité. La vie, la mort ? Mon esprit ne permet à mon corps de continuer à vivre que par certain masochisme bien illogique.
Au réveil, je me souviens mal. Tout de même, je ne puis oublier que tel rêve avait le goût de la vie, tel autre le goût de la mort, aussi précisément que tel plat avait le goût du sucre, tel autre, le goût du sel. C'est pourquoi, je me demande : à quoi bon protéger de la mort mes jours ?
La recherche des causes finales, comme une vierge consacrée à Dieu, est stérile, écrivait Bacon. Or, il faut beaucoup de frivolité pour préférer à cette vierge stérile ses sœurs fécondes. La recherche des causes qui ne sont pas finales vaut juste un divertissement. Faute de mieux, à l'égal des autres divertissements (voyages, dancings, essais sexuels), elle ne peut qu'aider à tuer le temps. Tuer le temps ? Mais si je commence à vouloir tuer le temps, l'ennui devenant plus fort à mesure que j'en désire triompher, je me retrouve contraint à de perpétuelles surenchères. Pour qui se refuse au terrible secours des problèmes essentiels, bien vite il n'y a d'autres possibilité que le geste ultime : le suicide.
Ainsi qui veut prendre des chemins frivoles et se soustraire à toute angoisse, n'en est pas moins obligé d'envisager l'idée de mort. Une telle nécessité, forçant à la douleur les plus médiocres, prête toujours une beauté tragique aux fêtes des hommes.
Mais, dira-t-on, certains se couchent sans avoir agi, sans avoir bu, sans avoir dansé, qui ne feront même l'amour avant de s'endormir. Supposons un de ceux-là en paix avec lui-même. Il pense que sa journée fut bonne, car rien ne s'y trouva désiré ou accompli qui pût choquer des soucis moraux intimes non plus que des conventions. Notre homme en paix se laisse glisser dans ses draps, se réjouit du sommeil à venir, se souhaite une bonne nuit, glousse d'aise, s'écoute glousser d'aise et s'endort.
Belle catastrophe ! Voilà qu'un premier rêve le prend, le prolonge dans la nuit, l'empêche de croire à l'oubli, au sommeil, à la mort. Il se dit que, s'il a tué le temps, dévoré l'espace, c'est qu'il voulait se tuer avec le temps, se dévorer avec l'espace. Une volonté d'anéantissement était à la naissance de tous ses actes. Il désirait prendre une notion des choses pour perdre celle qu'il allait prendre de lui-même. Il pensait que chaque réussite devait être une victoire contre soi bien plus qu'une victoire contre les autres. Il a mesuré le temps, l'espace, pour que ne viennent plus le hanter les notions de Dieu, d'absolu, de vie, de mort. Mais, hors du temps et de l'espace, il reste lui et il sait que sa vie, sa mort ne sauraient être confondues avec la vie, la mort des kilos de viande qui le désignent aux sens des autres. Le sommeil de son corps n'est pas son sommeil. Lui-même, il ne peut se mesurer. Alors, à quoi bon les bornes kilométriques, les montres ? Il a fait comme s'il savait où allait le chemin, combien valait l'heure. Il a marché, il a compté. En fait, il a continué d'ignorer la route, le nombre.
Économie, lâcheté, impuissance. Vaines sont les consolations offertes à sa curiosité, à l'inquiétude de son âme, consolations qu'il baptisait pompeusement : vérités relatives .
La vie est-elle constituée de l'ensemble des phénomènes bien connus ? Notre homme aime-t-il la vie ? Si oui, ayant mis dans cette vie toutes ses complaisances, son amour de la vie, s'il use de quelque logique, va le contraindre à se donner la mort, car, en vérité, si tant de moines vécurent vieux, aimant et désirant la mort, les jouisseurs des villes intelligentes se tuent jeunes, aimant et désirant la vie. N'est-ce pas Pétrone ? En effet, l'amour qui se veut justifier ou se trouve dans l'obligation de se vouloir justifier, critiquera ce dont justement il est né.
C'est de cette critique que sort l'activité dont l'ensemble est égal à la somme de ce que nous appelons suicides provisoires .
Mais, puis-je imaginer qu'à la suite de ces suicides provisoires, un geste définitif me permettra d'achever à jamais une vie que j'aime lorsque je la crois précaire et que j'exècre dès qu'elle me semble la simple projection terrestre d'un moment de marche éternelle ? L'intelligence pousse au suicide. Mais j'ai parlé de certaine sensation d'âme. Cette sensation d'âme, qui n'est ni la peur ni la joie, me force à poursuivre ce que j'ai entrepris.
Au reste, la hantise du suicide n'est-elle pas le meilleur remède contre le suicide ?
1925
Y si la muerte fuese sólo una palabra
Mais si la mort n’était qu’un mot
Orgullo o pereza —acaso los dos—, la inteligencia en estado de vigilia pretende domesticar los enigmas. Así nuestros días han hecho, del tiempo y del espacio, animales dóciles. En cuanto a las nociones de vida o de muerte que casi no se dejan domesticar, para rehuir su angustia esencial (angustia que, por otra parte, me parece lo único capaz de producir la indiscutible sensación de ser), cada minuto intenta un nuevo suicidio. Para quien habla de la muerte o del gesto que puede darla la paradoja es fácil, pero cómo no señalar que ya fue un suicidio la vida de éste o aquél. Barrès destructor sólo se destruye el día en que, arbitrariamente, construye. En cambio, el romano de la decadencia que se abría las venas me parece tan natural que apenas me atrevo a hablar de suicidio, ya que el senador romano que se abría las venas no renunciaba a sí mismo sino que, por el contrario, hacía un último gesto lógico para afirmarse. Estoy de acuerdo en que los hombres inteligentes, demasiado inteligentes (es el espíritu crítico, asesino de las posibilidades, el que nos mata), usan y tienen razón de usar contra sí mismos la cuerda, el veneno, el revólver, etc., así como los nerviosos toman Dial Cyba por las noches, antes de acostarse, para dormir mejor. Ahora bien, el dormir, del que decimos que es la imagen de la muerte, les reserva a las mentes inquietas las dolorosas sorpresas de los sueños. No puedo creer que las inteligencias que estaban por encima de las preocupaciones terrestres y que quisieron librarse de ellas para siempre hayan roto, con el gesto llamado suicidio, la parábola de una ascensión. Por el contrario, los que se aturden o se matan trabajando me parecen seres débiles, ya que el trabajo, la actividad humana, son estupefacientes que ni siquiera tienen, para seducir, alguna pequeña nota pintoresca (muy discutible, por lo demás, en cuanto a su calidad), pero que es imposible no reconocerle a otros estupefacientes. La mayor parte de los hombres que caminan y respiran casi no merecen, en nuestra civilización occidental, el elogioso apelativo de hombres vivos, ya que sólo caminan y respiran para evitar la compañía de los problemas que, por otra parte, siempre terminarán por alcanzarlos el día en que agonicen. Me es pues necesario sacar esta conclusión: el movimiento es simulacro; es una forma de suicidio, el suicidio de los cobardes, puesto que, dejando abiertas posibilidades para el futuro, calma a la vez el miedo al más allá y el tedio de vivir. Pero los cálculos son siempre erróneos. La mentira de la actividad espontáneamente se revela.
Pájaros del misterio, pájaros que cantáis en lo más callado de mí mismo, yo sé, por haberos oído tras la partida de los otros hombres, que la soledad es lo único que permite alguna esperanza de verdad. Una cierta sensación de alma demasiado bien arraigada como para que yo pueda vencerla me obliga a confundir vida con verdad. Si la muerte existe (la muerte que los incrédulos han identificado desde siempre con la nada), me resulta ilógica. Como cierta forma de actividad me parece desprovista de toda razón válida, nadie se sorprenderá de verme considerarla, repito, una forma de la muerte. La agitación encarcela el cuerpo, la inteligencia. Ya sea con redes o con muros, el cuerpo y la inteligencia están encarcelados, ésa es la verdad. Jaula tiránica: debajo de sus alas, que el cautiverio volvió de plomo, mueren nuestros pájaros de misterio. Pero cae la noche. La reja de los simulacros ya no resiste. Vaga como un cielo y como un cielo indudable, una certeza secreta espontáneamente domina las construcciones de nuestros días. La menor sacudida es terremoto. Torres derrumbadas, los pájaros ríen en nuestros sueños y, por venganza, despliegan el abanico de sus plumas más bellas y terribles. Por las calles de las ciudades, mi cuerpo, que se creía despierto, iba sonámbulo. En su casa dormida (¡paz!, mis ojos, mi pecho, mis brazos, mis piernas, mi sexo), sí, en su casa dormida, mi espíritu vuelve a encontrar la serenidad. ¿La vida, la muerte? Mi espíritu sólo le permite a mi cuerpo que siga viviendo por cierto masoquismo muy ilógico.
Al despertar, recuerdo mal. Aún así, no puedo olvidar que un sueño tenía gusto a vida, otro, gusto a muerte, tan precisamente como que un plato era dulce y otro salado. Por eso me pregunto: ¿para qué proteger mis días de la muerte?
La búsqueda de las causas últimas, como una virgen consagrada a Dios, es estéril, escribía Bacon. Ahora bien, hace falta mucha frivolidad para preferir a esta virgen estéril sus hermanas fecundas. La búsqueda de las causas que no son últimas equivale apenas a un entretenimiento. A falta de algo mejor, como ocurre con los otros entretenimientos (viajes, bailes, tentativas sexuales), sólo puede ayudar a matar el tiempo. ¿Matar el tiempo? Pero si empiezo a querer matar el tiempo, como el tedio se va haciendo más profundo a medida que deseo vencerlo, me encuentro obligado a hacer esfuerzos cada vez mayores. Para quien rechaza el terrible socorro de los problemas esenciales, muy pronto no queda otra posibilidad que el gesto último: el suicidio.
Así, quien quiere tomar por caminos frívolos y sustraerse a toda angustia, no por esto está menos obligado a encarar la idea de muerte. Una necesidad tal, imponiéndoles el dolor a los más mediocres, confiere siempre una belleza trágica a las fiestas de los hombres.
Pero algunos, se dirá, se acuestan sin haber actuado, sin haber bebido, sin haber bailado, sin ni siquiera hacer el amor antes de dormirse. Supongamos a uno de éstos en paz consigo mismo. Piensa que la jornada fue buena, porque no deseó ni realizó en ella nada que pudiera violentar escrúpulos morales íntimos ni convenciones. Nuestro hombre se cuela en paz entre las sábanas, se alegra del sueño que está por llegar, se da a sí mismo las buenas noches, gime de satisfacción, se oye gemir de satisfacción y se duerme.
¡Bonita catástrofe! He aquí que un primer sueño se apodera de él, lo prolonga en la noche, le impide creer en el olvido, en el dormir, en la muerte. Se dice a sí mismo que, si ha matado el tiempo y devorado el espacio, es porque quería matarse con el tiempo y devorarse con el espacio. Una voluntad de aniquilamiento estaba en la raíz de todos sus actos. Deseaba formarse una cierta noción de las cosas para perder la que iba a formar sobre sí mismo. Pensaba que cada logro debía ser una victoria sobre sí mismo mucho más que una victoria sobre los demás. Midió el tiempo, el espacio, para que ya no viniesen a obsesionarlo las nociones de Dios, de absoluto, de vida, de muerte. Pero, fuera del tiempo y del espacio, sigue siendo él mismo y sabe que su vida, su muerte, no podrían confundirse con la vida, con la muerte de los kilos de carne que lo señalan ante los sentidos de los demás. El sueño de su cuerpo no es su sueño. Él mismo no se puede medir. Entonces, ¿para qué los mojones kilométricos, los relojes? Hizo como si supiera a dónde llevaba el camino, cuánto valía la hora. Caminó, contó. De hecho, siguió ignorando el camino, el número.
Economía, cobardía, impotencia. Vanos son los consuelos que se ofrecen a su curiosidad, a la inquietud de su alma, consuelos a los que él llamaba pomposamente: verdades relativas .
¿Está formada la vida por el conjunto de los fenómenos bien conocidos? ¿Ama la vida nuestro hombre? Si es así, habiendo puesto en esta vida todas sus complacencias, su amor a la vida, si usa un poco la lógica, va a obligarlo a darse la muerte, ya que, por cierto, si tantos monjes llegaron a viejos amando y deseando la muerte, los hedonistas de las ciudades inteligentes, amando y deseando la vida, se matan jóvenes. ¿No parece esto Petronio? En efecto, el amor que quiere justificarse o que se encuentra en la obligación de querer justificarse criticará precisamente aquello de lo que ha nacido.
De esta crítica es de donde surge la actividad cuyo conjunto es igual a la suma de lo que llamamos suicidios provisorios .
Pero, ¿puedo imaginar que, de acuerdo con esos suicidios provisorios, un gesto definitivo me permitirá poner fin para siempre a una vida que amo cuando la creo precaria y que detesto en cuanto me parece la simple proyección terrestre de un momento de un andar eterno? La inteligencia conduce al suicidio. Pero he hablado de una cierta sensación de alma. Esta sensación de alma, que no es ni el miedo ni la alegría, me empuja a continuar lo que empecé.
Por lo demás, ¿no es la obsesión del suicidio el mejor remedio contra el suicidio?
1925
http://www.eldigoras.com/
No hay comentarios:
Publicar un comentario