Clément Magloire-Saint-Aude, nacido el 2 abril 1912 en Port-au-Prince HAITÍ, donde murió el 27 de mayo de 1971, es un poeta surrealista Haití, mitad negro mitad de ascendencia Caribe.
Con la creación de la revista Les Griots en 1937, Clément Magloire-Saint-Aude juega un gran papel en el desarrollo de la cultura haitiana.
Descubrió las obras de André Breton en 1941, cuando sus primeros poemas aparecieron.
Escribió un tributo a Breton en 1949, que se publicará en La Clé des Champs.
OBRAS:
Dialogue de mes lampes, suivi de Tabou et de Déchu, 1941, J. Veuillet, Paris, 1970
Dimanche, Éditions Maintenant, Paris, 1973
Dialogue de mes lampes et autres textes. Œuvres complètes, Jean-Michel Place éditeur, Paris, 1998
Veillée, Mémoire d'encrier, Montréal, 2004
(Extraído del blog El jinete insomne)]
En los cuadrantes podridos, mortificados,
Triple flor de gusanos mendigos
Marcho sobre el sonido como el impar
*
Mi tinte moro de arcángel oscuro
Es el sello celebrado
De un vivir jadeante y cansado
Más que el guía de tu tía
*
Fuera de las ínfulas de mi sol anticuado
¿Soy acaso el que interpreta los siglos,
El viento esculpido del centauro?
*
Desciendo sin arraigo y repetido
Sobre un cabello con prefacio de mis dedos
y como temeroso del escalofrío
Adonde se dirige, paz, mi corazón
*
Mi perro avanza
Hacia el estandarte de mi muerte
Legible en la sal de mis pestañas.
Tal lícito y repetido
Sobre el camastro del sectario
Bellas solicitadas y grandísimas
Cuento hasta treinta y me inclino.
Imploradas por mi bosquejo,
Pesado, desusado, envejecido
¿Soy artífice
En los misales de mi sudario?
Le monde divin selon Magloire Saint-Aude
Saint-John Kauss
“à Roland Morisseau qui m’a fait lire Saint-Aude”
Nul ne peut ignorer aujourd’hui l’impact et l’influence des œuvres poétiques de Magloire Saint-Aude sur la majorité des poètes haïtiens. Certains se réclament d’ailleurs carrément de lui. D’autres en font allusion sans pourtant omettre le magnétisme du Maître et son esprit anticonformiste vis-à-vis de l’époque. Contrairement à Jacques Roumain ou à Émile Roumer, deux poètes indigénistes des années ’30, Magloire Saint-Aude s’allia à la poésie du vide et des sens où le mouvement intellectuel demeure l’apanage des lignes écrites sans se rendre compte du mépris montré à l’égard du lecteur pour qui les illusions ou la parole incomprise sont purement du domaine immatériel. Mais toutes ces associations et ces correspondances alléguées à la poésie de Magloire Saint-Aude ne sont-elles pas le produit de notre ignorance des “choses cachées”, de l’individu non entraîné à la réalisation du “Grand Œuvre”, du profane qui ne saurait acquérir la voie sublime de l’au-delà?
Trois mondes s’offrent à nous en lisant méthodiquement les beaux vers de Magloire Saint-Aude: le monde des formes, celui des connaissances humaines ou des idées, et celui des causes. Déjà les titres de ses trois recueils de poésie, soit Dialogue de mes lampes (1941), Tabou (1941), Déchu (1956), nous ramènent à la magie poétique, à la magie des mots avides de sentimentalité. Et pourtant, le monde des formes est là, et remplace inconsciemment les plaisirs que nous procure la poésie de l’amour physique par les jouissances plus délicates et plus subtiles que sont le regard et l’immortalité des mots. Par exemple, dans Dialogue de mes lampes, on peut, à la lecture du premier poème intitulé “Vide”, s’emparer du monde physique de Saint-Aude:
“Recroquevillé dans mes yeux effacés,
La peine le poème hormis les causes. ”
“Rassasiant mes yeux
Du convoi de mes yeux ressuscités...”
(Vide, p. 13)
Dans le poème “ Silence”, on retrouve également
“Le tuf aux dents aux chances aux chocs auburn
Sur neuf villes.”
“ Magdeleines en dentelles de gaude.”
(Silence, p. 15)
Le sentiment de la mort physique comme celui de l’union vivante des idées créatrices partagées dans un même idéal, fait corps avec le poème.
“Mes cils retombés retouchés sur
L’eau le repos
En losange comme un christ fêlé.”
(Poison, p. 16)
Le monde des formes, qui inclut celui de l’homme, de l’animal, du végétal et du minéral, s’impose progressivement à nous et s’empare avec joie et avec beaucoup d’étonnement des vieilles habitudes et de l’incontinence répétée des lectures sans passion et sans intérêt aucun des formes que mérite l’écriture. Hormis le poème et son silence qui accompagnent les mots:
“ Au frisson des dentelles, mon bel émoi
Au froid des lampes froides.”
”Douces gelées les Magdeleines,
Menthe des lampes boutonnées.”
(Reflets, p. 17)
“ Le poète, chat lugubre, au rire de chat.”
(Dimanche, p. 18)
Magloire Saint-Aude parle beaucoup de ses inconvénients physiques, et cet aspect de la fatalité chez le poète doit donc porter sur la possibilité de résister à la laideur du monde. Ses “lampes”, ses “yeux” et ses “cils” constituent la trilogie du bonheur recherché où le poète s’articule toujours et se demande des comptes :
“De mon émoi aux phrases,
Mon mouchoir pour mes lampes.”
(Vide, p. 13)
“Les yeux sans eau, comme la fatalité.”
(Phrases, p. 19)
“L’huile des sommeils
Des sourcils à ma table.”
(Écrit sur mon buvard, p. 20)
“Aux ulcères-consolations
De mes cils de limon,
Mes yeux en carton pourri
Aux feux vieux des guides.”
(Rien, p. 21)
“Suis-je l’interprétateur des siècles,
Le vent sculpté du centaure ?”
(Tabou III, p. 33)
Dans les mondes intellectuels de la Kabbale chrétienne, nous retrouvons ce ternaire: Aziah, Jesirah et Briah, correspondant au monde des formes, au monde des pensées ou des idées, et au monde des causes. Selon les anciens auteurs, “les causes produisent les formes, et les formes remontent aux causes par la pensée. Ainsi le verbe divin et le verbe humain se rencontrent dans le monde de Jesirah (dans le second ciel) ou celui des connaissances humaines.” Symbole des trois mondes, la poésie de Magloire Saint-Aude contient, à notre avis, la révélation de la plus haute initiation. Le monde des connaissances humaines ou des idées est ainsi réglé par les notions divines des esprits célestes:
“Sans dieu livide fragile le cœur”
“Purifié, bas, sur ma clé”
“Au dormeur de face sans visage,
Glacé néant par les fenêtres
Et seul sur ma gorge.
Cendres de peau aveugle en éternité.”
(Larme, p. 14)
Le monde des génies supérieurs et/ou des “élémentaux” (esprits qui gouvernent les éléments: feu, eau, terre, air) n’est pas non plus étranger à Magloire Saint-Aude. La preuve de ses connaissances cabalistiques:
“Pour mon dos gauche,
Espacé dans la terre,
À mes pas sous mes pas
Au souffle des touches.”
(Poison, p. 16)
“Aux miroirs du mage
Je confonds l’éclat et le silence,
Je suis ici pour cinq.”
“Me pèsent, en ce monde, mon grimoire
Et aussi mes cils vieux.”
(Tabou I, p. 31)
La mort? Cette délicate possession de l’Être suprême, ce véritable questionnement sur la nécessité de l’homme après la vie, est également au cœur de la question Saint-Audienne.
“Hors d’haleine dans la soie
Dans la baie de la mort.”
(Poison, p. 16)
“Lamentations aux crachats des morts.”
(Reflets, p. 17)
Mais le poète se réfère-t-il à ses voyages dans l’Astral (nature invisible) en écrivant ses vers ?
“Rien n’est moi,
Hormis mes orbites en ogive,
Et mon col d’ange d’image
Comme mes yeux farcis froids de soie.”
(Paix, p. 22)
“Cavalier de tulle d’os de glace,
Visiteur en guide ovale de nuit,
...
En habits de gala de lord sans crâne...”
(Paix, p. 23)
Il est donc évident que le monde mystique des esprits le hante :
“Au galop des veilleurs muets,
Eux, inclinés, glacés,
Chastes de vivre
Aux phares des dentelles !”
(Tabou IV, p. 34)
“Mon teint brun-more et d’archange
Est le sceau célébré...”
(Tabou IX, p. 39)
Le nombre “cinq” qui exprime forcément le pentagramme mystérieux, correspondant à Dieu, l’homme et les trois mondes (le naturel, le spirituel et le divin), est vigoureusement et à plusieurs reprises poétisé par l’auteur:
“Tranquille souple veilleur en cinq langues.”
(Larme, p. 14)
“Aux miroirs du mage
Je confonds l’éclat et le silence,
Je suis ici pour cinq.”
(Tabou I, p. 31)
“Sonne ma phrase
Dans la vallée,
Comme mon mol émoi
Au front de cinq heures.”
(Tabou XII, p. 42)
Le pentagramme est aussi l’étoile de l’Épiphanie, nous disent les anciens auteurs. Cette étoile “que les mages ont vue en Orient, cette étoile de l’Absolu et de la synthèse universelle, qui donne une tête aux quatre parties du monde et qui, résumant cinq fois les nombres séphiriques, donne aux sciences une synthèse absolue et ouvre aux aspirations de l’homme les cinquante portes du savoir” (E. Lévi). Sur ce, Magloire Saint-Aude, poète haïtien des années ’40, n’ignorait nullement les mobiles de la fonction sacerdotale, et qu’il ne saurait compléter avec autant de grâce son œuvre poétique si ces connaissances de “l’Art Royal” lui faisaient défaut.
“Aux feux intermédiaires,
Pensées douces comme des tasses de vent.”
(Tabou XIV, p. 44)
Nous savons, d’après les données de l’Occultisme, que l’avenir immédiat de tout un chacun est potentiellement en gestation “par le jeu des causes premières et secondes”. Notre destin étant fixé dans l’Astral (nature invisible) par les causes premières (une extrême vulnérabilité psychique) et des causes secondes (un chagrin d’amour par exemple), il y a quand même lieu de le modifier afin d’éviter le pire ou de corriger l’aspect de quelques-unes des causes qui dirigent notre vie dans l’Astral, soit de façon volontaire si l’on peut, soit par “le maniement des fluides psychiques, allié à la connaissance des dynamismes astraux”. Enfin, on peut “agir sur l’être psychique en incitant les idées créatrices qui modifient toute forme matérielle” (Papus). Magloire Saint-Aude, pour une raison ou une autre (problème familial ou social), dès 1941, ne signait plus Clément Magloire fils, mais Saint-Aude, se référant sans doute à sa mère.
“La peine le poème hormis les causes.”
(Vide, p. 13)
Nous avons recherché et retrouvé les causes de la parution tardive du troisième recueil de Saint-Aude intitulé Déchu (1956), ainsi que les causes de sa déchéance personnelle durant les années ’60. Magloire Saint-Aude, alcoolique et bohème à l’instar du poète Carl Brouard, n’a eu malheureusement que pour récompense la mort physique (mai 1971) et celle de l’âme.
“Je me connais cistre et caduc
Emmuré dans ma face-hostie !”
(Tabou II, p. 32)
“Je descends, déraciné et répété
Sur un cheveu préfacé de mes doigts.”
(Tabou III, p. 33)
“Je me sais, me suis, à deux stades,
Au destin, à l’eau de mes sueurs.”
(Tabou X, p. 40)
L’âme, écrivait Eliphas Lévi, “se consume elle-même, elle est son feu, elle enfante ses démons, elle se dissout en rêves de torture et se sent en Dieu, hors de Dieu. C’est-à-dire infiniment réprouvée par la bonté même de Dieu dont l’amour a été violenté par elle-même et changé en justice, en sorte que les garanties de liberté que lui donne la libéralité divine sont devenues des remparts conservateurs de la mort et d’imperméables réservoirs du pleur éternel ”. Magloire Saint-Aude en aurait cure dans la mesure où les plaisirs que procuraient les mots, ses mots, étaient intarissables puisqu’il nous dit:
“Dort enfin ma ferraille
Qui m’eût aimé
Aux issues, aux cités de mon image”.
(Paix, p. 24)
Il est évident que Magloire Saint-Aude, par la publication de ses poèmes métaphysiques, visait le pouvoir suprême, le pouvoir exceptionnel dont s’enorgueillissait d’ailleurs le poète.
“Majuscules haut perchées
Aux pôles de mes lampes”.
(Déchu IV, p. 54)
Mais dans Déchu (1956), le poète se sentait déjà “las” et entendait battre la crécelle :
“Pour mes lampes trépassées...
Bonne route, pèlerin”.
(Déchu I, p. 51)
“Aux exploits du poète las,
.........................................
Sur le buvard aveugle
De mes talents éteints.”
(Déchu II, p. 52)
“Crécelles ensevelies
Sur le cœur du pèlerin.”
(Déchu V, p. 55)
“L’étoile du mendiant
Entend le souffle de ma Mort.”
(Déchu VI, p. 56)
CONCLUSION
Nous avons peut-être terminé l’étude de la métaphysique du poème chez Magloire Saint-Aude à différents volets du savoir scientifique. Mais il n’en demeure pas moins que la question soulevée par le Dr Pradel Pompilus et le frère Raphaël Berrou en 1961 à savoir que “la poésie de l’inconscient échappe à [leur] contrôle, aussi cette œuvre de Magloire Saint-Aude est-elle inaccessible dans son ensemble”, semble s’opposer à l’interprétation de notre étude. Edris Saint-Amand avait-il raison quand il refusait à Saint-Aude le titre de “vrai surréaliste” en affirmant que celui-ci ne composait pas ses poèmes dans “l’état de passivité absolue que réclame le surréalisme”. Car tout indique que la poésie de Saint-Aude n’est inaccessible qu’aux profanes; et il suffit de rien, d’un instant sublunaire, qu’on soit en pleine possession du “savoir” nécessaire pour faire l’autopsie et le procès de ce monde divin selon Magloire Saint-Aude.
Références :
Christophe Charles: Magloire Saint-Aude, griot et surréaliste, éd. Choucoune, Port-au-Prince, 1982.
Colin Wilson: Le poète considéré comme un occultiste, in L'OCCULTE, Philippe Lebaud (éditeur), Paris, 1990.
Edris Saint-Amand: Essai d’explication de “Dialogue de mes lampes”, 3 e édition, éd. Mémoire, Port-au-Prince, 1995.
Eliphas Lévi: La clef des grands mystères, Alcan, Paris, 1923.
Eliphas Lévi: Cours de philosophie occulte, éd. Sélect, Montréal, 1982.
Magloire Saint-Aude: Dialogue de mes lampes suivi de Tabou et de Déchu, édition Première Personne, Paris, 1970.
Papus (Dr Gérard Encausse): Pour combattre l’envoûtement, Durville, Paris, 1914.
Dr. Pradel Pompilus et Frère Raphaël Berrou: Manuel illustré d’histoire de la littérature haïtienne, éd. Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1961.
Saint-John Kauss: L’invasion surréaliste en Haïti (Magloire Saint-Aude: Avril 1912 - mai 1971), in Haïti en Marche, Miami, vol. X, no. 6, 20 mars 1996; in Le lien, Montréal, vol. 6, no. 2, avril 1997, pp. 34-37.
Saint-John Kauss: La poésie haïtienne au Québec, in Les saisons littéraires, automne 1996, pp. 65-80 (Montréal); in la revue Trois, vol. 12, no. 1, février 1997, pp. 51-71 (Montréal); in Neue Romania, no. 18, 1997, pp. 105-115 (Berlin, Allemagne); in Présence, vol. 1, no. 6, octobre 1997 (Montréal).
Saint-John Kauss: La métaphysique du poème chez Magloire Saint-Aude, in Haïti en marche, vol. XI, no. 27, 13 août 1997 (Miami).
Sur le web:
Magloire-Saint-Aude sur le site île-en-île.
La métaphysique du poème chez Magloire Saint-Aude par Saint-John Kauss.
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